vendredi 13 octobre 2017

SAMANTHA WATKINS, OU LES CHRONIQUES D'UN QUOTIDIEN EXTRAORDINAIRE tome 1 : PAS LE CHOIX de Aurélie Venem



4ème de couverture :
"Une nuit, alors qu'elle rentre chez elle, Samantha Watkins, jeune bibliothécaire au quotidien morne et insipide, va voir sa vie prendre un virage à 180 degrés de par sa rencontre avec un "ange"... Loin des gardiens du paradis, l'homme qui la choisit pour devenir son assistante et mettre sa vie en danger dans l'enquête sur les étranges disparitions de la région, est un vampire de cinq cents ans, dont la fonction principale est de veiller au maintien du secret de l'existence de son espèce. N'ayant d'autre choix que d'accepter, Samantha va découvrir un monde surnaturel tout aussi fascinant qu'effrayant..."

Alors, doc, verdict ?
J'ai été séduite par la couverture, belle, mystérieuse, une typo adéquate, bref, un vrai boulot de professionnel. Le succès et le consensus autour de cette série m'ayant mise en confiance, je l'ai donc achetée les yeux (presque) fermés.
De plus, la 4ème de couverture est excellente. Bien construite, distillant l'essentiel pour commencer à se créer une image dans la tête, elle est très accrocheuse. J'imaginais déjà une mignonne petite jeune femme réservée portant de grosses lunettes, suivant son patron de vampire avec toujours une pile de bouquins dans les bras. Une caricature, certes, mais un truc marrant, deux personnages totalement opposés mais aussi complémentaires.

Or si caricature il y a bien, c'est juste celle d'une sous-Buffy revêche à se mettre sous les crocs. Avoir du caractère n'est pas forcément synonyme de caractériel, on ne le répétera jamais assez.
Samantha Watkins, tout juste vingt-neuf ans, vierge et prude (ses commentaires acides sur les nuisettes ou les clubs pour adultes sont d'une rare intolérance), sans ami, sans famille, sans vie sociale (parce qu'elle ne fait aucun effort), est dotée d'une sacrée dose d’auto-apitoiement. Et lorsqu'elle tombe sur Phoenix, ses réactions et réflexions dévoilent une gamine capricieuse et une mégère.

Phoenix n'est guère mieux loti.
(le nom du groupe électro en tête n'aide pas à le prendre au sérieux...)
Satisfait de lui-même, son grand âge ne semble pas lui avoir apporté la sagesse séculaire et encore moins la culture dont il souhaite se prévaloir. Le langage familier qu'on lui met dans la bouche est terriblement ordinaire pour un érudit de plusieurs siècles. Sa "séduction" m'est totalement passée à côté. En bref, c'est un personnage superficiel, déjà vu, ni sympathique ni antipathique. Plat.

On me répondra, que ce ne sont que des ressentis, que de très nombreux lecteurs les ont adorés. Pas de souci, c'est absolument vrai.
En revanche, ce n'est pas le seul élément qui m'ait déplu, or le suivant est moins lié à l'émotion qu'à un défaut technique. Le style littéraire dans sa globalité et les dialogues en particulier sont maladroits. Trop longs, trop détaillés, manquant de subtilité, et inadaptés pour faire passer certaines émotions.
Petite référence au principe du Show, don't tell (montrer plutôt que raconter) qu'il serait judicieux d'apprendre par cœur. "C’est en montrant les émotions, sans en parler, que l’on permet au lecteur de s’identifier aux personnages. " (réf : blog Mécanismes d'histoires)
C'est particulièrement sensible avec les tentatives d'humour. Les sourires ou rires écrits en toutes lettres à la suite de "vannes" sonnent faux. Les souligner pour nous convaincre de la drôlerie des répliques, c'est risqué. Surtout quand elles ne le sont pas. Plus ennuyeux, elles font passer les personnages pour encore plus cons qu'ils ne le sont déjà.
Puisqu’une démonstration vaut mieux qu’un long discours, voici un extrait qui me semble symptomatique du problème. Pour situer le contexte, Samantha et Phoenix sont en voiture, Samantha vient de se réveiller d’un petit somme et se retrouve prise de nausées.

« Oubliant toute élégance, je fis comme les chiens, je passai la tête dehors et profitai du grand air (heureusement, je ne m’étais pas mise à aboyer !). La nausée finit par disparaître et je re-rentrai tout sourire, face à un Phoenix tout bougon.
- Vous avez l’air d’un épouvantail maintenant ! Pourquoi avez-vous fait ça ? me lança-t-il sur un ton de reproche.
Oh ! Ce qu’il pouvait être rabat-joie ! Il fallait vraiment qu’il se détende ! Je lui fis une horrible grimace.
- Qu’est-ce… mais qu’est-ce que vous faites ? s’alarma-t-il en me regardant d’un air ahuri.
En guise de réponse, j’empirai les choses. J’arrivais à me toucher le bout du nez avec ma langue, exploit dont peu de gens étaient capables ; j’en étais fière et j’agitais en prime mes mains sur ma tête pour accentuer mon effet.
- Blblblblbl ! 
Cela fonctionna. Phoenix me regardait comme si j’avais perdu l’esprit et il devait se demander s’il allait devoir me déposer à l’hôpital psychiatrique le plus proche. Je mis fin à son supplice en reprenant une attitude normale pour lui expliquer ma démarche. 
- Je vous montre ce que c’est que faire l’épouvantail. Il faut vous détendre un peu. 
Je sus après ma troisième grimace que j’avais gagné, quand il finit par libérer le rire qu’il essayait de contenir. J’avais réussi à le dérider, et en le faisant exprès cette fois-ci. C’était un véritable exploit. »


Ce passage plus que les autres a scellé le sort de ce roman, vite devenu indigeste. En effet, en quelques lignes, cet extrait réunit tous les éléments qui me déplaisent en général. Problèmes de forme (points d’exclamation omniprésents, tournures de phrase lourdes, parfois maladroites) et problèmes de fond (personnages ridicules, humour pas drôle, scène sans intérêt). En démultipliant ce type de scènes sur 460 pages, on a un aperçu du contenu.

Les références à Twilight et aux marathons DVD m'ont très vite satellisée hors du roman. Ça donne des scènes assez niaises qui flattent peut-être les lecteurs ayant les mêmes loisirs, mais sont franchement inutiles pour faire évoluer l'histoire.

L'histoire est convenue, toutefois, on ne peut nier la facilité de lecture. C'est simple, balisé, hélas, ça manque de rebondissements, et ça sombre souvent dans la mièvrerie. 
Sans le détester (pour cela il faudrait qu’il ait un message dégueulasse à faire passer, ce qui n'est absolument pas le cas), je l’ai juste trouvé sans intérêt. Une histoire qui n'apporte rien au genre et me rappelle une mauvaise expérience avec une série sur une meute de loups métamorphes. Une grosse déception, probablement due aux trop nombreux compliments que j'ai pu croiser sur ce premier tome. J'ai eu l'impression de ne pas avoir lu le même roman. Je vais d'ailleurs finir par éviter toutes les productions françaises autoéditées, lorsqu'elles sont portées par des communautés de fans. Quand on voit des auteurs reconnus et édités, dont les excellents romans recueillent moins d'une vingtaine d'avis sur Amazon et consorts, on se dit qu'il y a quelque chose de pourri au royaume des livres.
Alors oui, je sais qu'une majorité de lecteurs a aimé.
Sauf qu'en matière de lecture, il ne s'agit pas de savoir si l'un a raison par rapport à l'autre. Tout est affaire de ressenti, d'attentes personnelles et d'expérience. Je n’ai plus six ans, j’attends donc de mes lectures qu'elles s'adressent à une adulte appréciant la bit-lit, et non à une fillette surexcitée.
En bref, un roman dont l'histoire a du potentiel mais dont le traitement contient beaucoup de maladresses, trop à mes yeux pour adhérer au concept.

Verdict : décevant.

Autoédition
460 pages

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