mardi 6 novembre 2018

LA BELLE ET LA BÊTE volume 1 et 2 de Trif


4ème de couverture
Volume 1 : Le château des mille roses

Volume 2 : L'ultime pétale
"Belle, jolie jeune fille, vit dans un hameau avec sa mère et ses deux petits frères espiègles. Lasse de cette vie rurale, elle rêve d'explorer le monde. Un rêve qui va l'amener à découvrir l'amour de la manière la plus étrange qui soit."

Alors, doc, verdict ?
C’est avec beaucoup d’excitation que j’attendais ce second volet des aventures de Mirabelle (la Belle) et de la Bête. Repoussée plusieurs fois, la date de sortie aurait pu se transformer en arlésienne (ceux qui ont poireauté des années pour le tome 2 de Songes de Terry Dodson sauront de quoi je parle), mais heureusement, cette petite attente n’aura pas entamé mon plaisir.

Déclinée en deux tomes, cette ré-écriture du conte s’est servie du potentiel érotique de l’histoire originelle pour livrer une œuvre charnelle et mélancolique. Ne connaissant pas le reste de la collection, je vais d’ailleurs me laisser tenter par une autre revisite, peut-être Cendrillon.


En privilégiant une version sombre du conte, Trif a accentué les éléments dramatiques [SPOILERS : la malédiction résulte d’un crime et non d’une simple impolitesse, le happy-end est nuancé], se détachant des « mignonneries » Disney ou Cocteau, tout en écartant l’aspect poétique/magique pour en sortir un matériau plus âpre.
Le choix d’inverser les rôles en obligeant la Belle à séduire la Bête est très intéressant. La Bête se protège, elle n’est jamais aimable ni dans une démarche galante. Mais elle est honnête et protectrice. C’est la Belle qui doit faire ses preuves pour devenir « l’Élue ».
Cela a pourtant poussé l’auteur à faire un choix en matière de point de vue, puisque les sentiments de la Bête envers la Belle ne sont jamais franchement exprimés. Si l’on comprend bien que la beauté de Mirabelle est un atout, on a du mal à discerner ce qui a fait la différence entre elle et la fée dans le tête de la Bête. Peut-être est-ce dû au besoin de Mirabelle d’apprivoiser la Bête pour lever la malédiction. Pourtant, elle ne le fait pas par générosité d'âme, mais avec une part d'égoïsme, étant tombée amoureuse du physique de la version "prince". Donc très superficiel. Son évolution est d'autant mieux amenée qu'elle surprend lorsque Belle révèle son amour alors que la situation a sérieusement empiré.

Mais je regrette deux points, dont l'un purement technique ; la police de caractère des phases narratives (hors bulles de dialogues) est illisible. Cet italique jouant sur le style "écriture à la plume sur parchemin" est loin d'être judicieux dans le genre pattes de mouche. Je devais me coller le nez contre la page pour décrypter le texte (et ce ne sont pas mes progressives qui ont aidé au décryptage). Éventuellement, en taille plus grande, l'idée aurait été sympa, mais là, non, juste non ! Je ne comprends même pas que l'effort n'ait pas été porté sur le second volume, alors que le problème avait été signalé dès le premier.
 
Le deuxième regret concerne les illustrations érotiques.
J’ai été surprise (et je l’avoue, déçue) par le décalage existant entre les scènes solitaires de Mirabelle (où la chair y est exposée crument), et celles de la Bête, y compris les scènes de couple (avec l’utilisation abusive de clairs-obscurs aux ombres parfois stratégiquement placées, ou de cadrages éloignés ou de chorégraphies softs). Cet excès de pudeur sélectif m’a un peu frustrée en tant que lectrice adulte.
D’autant qu’un clin-d’œil final semble privilégier un public féminin.

D’un point de vue purement formel, j’ai aimé le coup de crayon de Trif. C’est propre, simple et efficace. Le style réaliste très européen des personnages reste attractif (même si on retrouve ce problème récurrent de visages déformés ou peu ressemblants d’une vignette à l’autre).

Pour conclure, c’est une belle BD érotique sur un thème alléchant, avec quelques défauts, mais de belles qualités.

Verdict : Du bon boulot !

TABOU Éditions
48 pages
64 pages

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