Telle une plante
carnivore, ce blog a besoin de sa dose de tripes au vinaigre. Rare
cette année pour des raisons éminemment légitimes (flemme,
feignasserie, mieux à faire/ne rien faire), je réalise en ces lendemains de fêtes vous avoir épargné mes petites vacheries. Aussi
ai-je reçu l'ordonnance de m'abandonner à des instants de pure
mauvaise foi comme assurance d'une bonne santé digestive, avant de commencer l'année 2020 avec des cœurs et des paillettes plein l'écran.
Les réseaux étant ce
qu'ils sont (In Facebook, we trust), bienvenue dans un monde ou
chaque nouveau statut privé, public ou pro repousse les limites du
facepalm.
Tout d'abord, je ne
pouvais commencer cet article sans manquer de soulever une vaguelette
d'indigna-gna-tion auprès de tous les parents.
Chère
collègue, pour 2020, je me souhaite de ne plus entendre le prénom
"compte triple au scrabble" de ton gamin (plus souvent
entendu que le mien en plusieurs décennies) ! Ai-je vraiment besoin de savoir que T. joue les petits
dictateurs à la maison, que K croit encore au père Noël à dix ans
ou que R. et K. font caca mou les nuits de pleine lune ? Non. Non merci. Non mais vraiment, non. Naaan, mais en vrai, tu veux que j'applaudisse les exploits ou tu cherches
juste à rentabiliser ton don pour les prénoms à la con ? Tu ne
peux pas dire "ma fille" ou "mon fils", "mon
grand" ou "ma plus jeune" comme tout le monde ? Tu ne
peux pas arrêter de me parler de lui/d'elle ? Tu ne peux pas arrêter
de me parler tout court ?
Les réseaux n'ayant pas
été en reste, j'ai croisé un certain nombre de statuts
WTF-sa-mère-en-tongs-au-Fouquet's qui me permettent aujourd'hui d'en
proposer un florilège amusant ! (toi aussi, amuse-toi en les recensant) Certes, je me suis souvent demandée
si c'était douloureux d'être autant à côté de la plaque où s'il
y avait un lot à gagner au bout de dix conneries postées.
Principe numéro un : le
lecteur est chiant.
Ah tiens, le lecteur
n'aime pas être frustré, ce con ! Le lecteur en a un peu marre de
commencer une série que l'éditeur arrête en cours de route (merci
J'AI pas LU et consorts). Alors de plus en plus souvent, le lecteur,
il attend l'intégrale avant d'acheter, il sélectionne les tomes
indépendants, ou il privilégie les one-shots. Méchant lecteur !
Comment ça, les multirécidivistes du tome 1 peuvent aller se noyer
dans de la mayo périmée (haro sur cet auteur haineux qui sort
plusieurs séries et n'en termine aucune).
Principe numéro deux :
être pédant ne garantit pas le succès.
Que celui qui n'a jamais
vomit sur: les auteurs US en promettant à leurs fans une
éviscération à la fourchette me jette son premier Bescherelle.
Posture de l'éternel
connard élitiste, comparant le dernier hit littéraire avec sa
production de niche totalement perchée. L'auteur pédant aime bien
ricaner en compagnie de ses pairs. Ça donne de la discussion high
level Ta-race-la-prétention, à coup de verbe glorieux et style
rococo classieux. Rions de ces gueux, mes braves, et sus à la
vulgarité d'un succès populaire. En vérité, tout vert de
jalousie, le pédant est prêt à toutes les bassesses, y compris
s'essayer à l'écriture du bousin pour connaître sa minute de
gloire. Manque de bol, même en version molle, sa prose reste boudée.
Quand ça veut pas...
Principe numéro trois :
délègue aux autres ce que tu répugnes de faire toi-même.
Aaah, la délégation des tâches... Qui n'a jamais
lâché une horde de fans déchaînés aux trousses d'un lecteur
récalcitrant, n'a rien vécu. Cette technique a même un petit nom :
l'affichage public ou l'art de la délation sans y toucher. On publie
un statut tout énervé avec suffisamment d'indices pour identifier
le malotru (qui a osé détester le roman de toute une vie) ou on
copie des phrases entières du commentaire délictueux. Puis on
attend en buvant sa petite tisane que la horde ait débusqué
l'hideux criminel du verbe (non, son synonyme n'est pas
cruciverbiste). Et voilà, une version 2.0 de chasse-à-courre toute
prête à être consommée. À taaable !
Principe numéro quatre :
flagelle-toi, ça t'apportera peut-être des like en plus.
Appliquée par l'auteur
qui s'indigne de déchirer les ventes avec de mauvais textes, alors
que son nom de plume "sérieux" cultive le néant
commercial, cette pratique a son petit charme. Aller jusqu'à se
dénigrer parce qu'on donne au public ce qu'il a envie de lire, j'ai
envie de dire que ça mérite même un bon coup de pelle dans la
tronche pour réinitialiser le système.
Principe numéro cinq :
ne regarde jamais dans la gamelle du voisin !
Allez, avouez, combien de
lectrices comme vous et moi et de blogueuses sans influence ont
méchamment gloussé en assistant à la Chute de la maison Usher,
pardon, à la fin de certains partenariats avec les éditeurs ?
C'était drôle, ça chialait dans tous les sens, malgré des
bibliothèques entièrement constituées de livres gratos. Soyez
heureuses, bande d'ingrates, Dobby, lui, n'a reçu qu'une vieille
chaussette pour obtenir sa liberté !
Principe numéro six :
plus je menace les autrices récalcitrantes, plus leurs "copines" parlent de moi.
Lorsque museler toute
critique par l'intimidation finit par payer, ça donne envie de sortir la grosse artillerie ou le Dalloz rangé au grenier. La chute de cette
histoire n'est guère glorieuse, puisqu'elle tend à démontrer qu'à
user de méthodes dignes d'un proxénète bulgare, l'on obtient un
consensus mollasson d'autrices en mal de ventes. Et qu'importe l'efficacité réelle du service (tu chercheras toi-même duquel il s'agit) qui ne peut pas être prouvée scientifiquement,
pourvu que les mécontentes brûlent silencieusement en Enfer...
Allez, il me reste une vraie chronique à rédiger avant le nouvel an, donc on referme la parenthèse et on sourit aux mouettes.
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