vendredi 29 septembre 2017

PERCÉE À NUE épisodes 1 à 4 de Scarlett Edwards


4ème de couverture
"Quand je me réveille dans une pièce sombre et inconnue, je n'ai aucune idée de ce qui m'attend dans l'ombre. Mon imagination évoque des démons de la pire espèce.
La réalité est bien pire :
Un collier sans laisse. Une prison sans murs. Et une vie dépouillée de sens.
On me présente un contrat ignoble et on me demande de le signer. Il précise les modalités de ma servitude. La seule information que j'ai à propos de mon ravisseur consiste en deux petites lettres en guise de signature en bas de page:
J.S.
Armé seulement de mes souvenirs, je dois faire tout mon possible pour éviter d'être prise au piège par ses manipulations d'esprit tordues. Mais au final, tout se résume à un choix :
Résister et mourir.
Ou me soumettre et être déposséder de ma vie."

Alors, doc, verdict ?
J'ai pris le parti de conserver les fautes d'orthographe de la 4ème de couverture, car si cela indiffère la majorité des lectrices, pour moi, c'est une orientation sur la qualité de la traduction.
Étant donné que je vais spoiler à mort, lire cette chronique peut vous donner envie de jeter votre liseuse par la fenêtre (ou moi, mais je passe mal les fenêtres).
Z'êtes prévenus.

Partie pour lire le premier épisode en fin de soirée, j'ai acheté et lu les trois suivants au cours d'une seule nuit... Un véritable traquenard. En engloutissant les 4 premiers volets d'une traite, cela m'aura permis de me faire une opinion globale sur le ton, les personnages, les avancées et les points perfectibles.

Sans surprise, je vais parler de la traduction qui manque de rigueur. Le texte est écrit en français à peu près correct, mais ça pourrait être relu. Fautes et lourdeurs de style se succèdent joyeusement.
L'écriture est plutôt basique, peu recherchée, mais le style simple est suffisamment efficace pour emporter sans perturber la lecture. 


En deuxième point négatif, là encore je n'ai pas changé d'opinion concernant les feuilletons à suivre.
Je trouve cette méthode de vente terriblement barbare envers le lecteur. Cet aspect commercial plus vénal qu'artistique finit inévitablement par me rebuter. Cette histoire n'y a pas fait exception.
 
Dès le début, c'est la chronique d'une mort annoncée, puisque le prologue tient lieu d'épilogue. On y découvre que la dame s'y laisse crever pleine de haine légitime envers son bourreau.
Et à moins que l'autrice ne nous sorte un twist de la mort de son "Choipeau magique", pour expliquer de manière rationnelle pourquoi Lilly devrait se réjouir de continuer à vivre sous le joug d'un psychopathe, une fin à la histoire d'O (la vraie) pourrait être la seule option un poil élégante à retenir.
Ah, info de dernière minute, la dame a bien un choipeau magique, et le twist pourri a bien eu lieu.
Vive les personnages de dindes trépanées, heureuses en ménage avec un pervers narcissique.
Sans commentaire.
Enfin si, mais continuons la dissertation sur ces 4 premiers volets.

Venons en aux faits : une étudiante (encore) se réveille dans une pièce inconnue, attachée et bloquée par un collier électrique qui l'empêche de prendre ses jambes à son cou. Elle découvre rapidement l'identité de son ravisseur. Et malgré les piqûres de rappel monstrueuses qui parsèment les pages et les tomes, la cruche ne parvient pas à haïr le grand malade qui lui sert de kidnappeur/tortureur/affameur/violeur/manipulateur mais teeeeellement beau geôlier (et très riche, ça permet d'avaler le pilulier entier).
Peu à peu, après avoir été obligée de signer un contrat lui autorisant un libre accès à son corps (là on hésite entre conne et très conne. Un contrat pareil n'aurait aucune valeur devant un tribunal, mais passons), elle découvre les règles tordues de son ravisseur. Cruella à barbe de trois jours (docteur Maboul, c'était déjà pris) lui offrira ou lui retirera des "avantages" liés à sa captivité, et au gré de ses nombreuses sautes d'humeur.
Comme docteur Maboul, Cruella à barbe de trois jours aime bien jouer avec l'électricité. Sauf que ce n'est pas le nez du patient qui s'allume quand l'héroïne se prend des coups de taser dans le cou.
Alors là-dessus, je trouve que l'autrice s'est bien débrouillé avec son personnage de taré, pervers narcissique. Il est criant de vérité.
Sauf que son propos dérape sévère, mais j'y reviendrai dans mon compte-rendu de l'épisode 5.
Qui est-il par rapport à elle, pourquoi l'a-t-il kidnappée elle et pas une autre, qu'espère-t-il obtenir d'elle au final ? Autant de questions auxquelles l'auteure se garde bien de répondre pour assurer la pérennité du feuilleton.

On est clairement dans le concept perverti de l'infirmière qui s'est téléscopée avec Cendrillon, sur-exploité ces dernières années à la sauce milliardaire. J'espérais que l'autrice aurait l'honnêteté intellectuelle de livrer son pervers au bûcher dans l'ultime épisode. Que nenni.
Son parti-pris n'a aucune décence, ça finit en jus de cuvette goût fraise au sucre. Le premier degré du message général est absolument détestable, dégueulasse et dangereux.
Sous couvert de fiction, on laisse en accès libre n'importe quoi sans aucun warning.
Mais passons.

Que dire de l'histoire dans son ensemble ?
Que ça s'engloutit à s'en rendre malade, que ça fait du mal à en broyer les intestins, mais on en reprend toujours une louche supplémentaire. Il y a aussi un côté voyeur KOLOSSALEUU (avec l'accent de Papa Schultz), qui entretient les pires instincts des lectrices.

Que dire du découpage des tomes et des personnages ?
L'autrice a l'art de broder pour diluer la sauce et nous accrocher sur les micro-évènements qui émaillent les tomes. La narration à la première personne permet évidemment une identification immédiate. On n'échappe pas aux pensées de l'héroïne qui fait semblant de se rebeller ou de coopérer (elle n'a pas choisi, il y a encore plein d'épisodes pour trancher. Mais youpi, quoi).
En contradiction perpétuelle entre ses pensées et ses actes, je n'ai décelé chez elle qu'une explication pour son manque de pugnacité. Tiens, voilà la dinde !
L'autre, là (Maboul) c'est un condensé de toutes les perversions qu'on retrouve chez les héros milliardaires actuels en version Silence des Agneaux.
Pas sûr qu'il ne bouffe par une oreille dans un prochain épisode...

Sortie en autoédition, cette série du courant Dark Erotica a surfé sur une mode et ainsi trouvé un large public qui lui a permis de faire traduire les 10 tomes en français.

En conclusion : c'est fascinant, addictif, malsain, attractif et répulsif, mais souvent mal relu et discutable d'un point de vue morale.
Verdict : moyen
Ebook
EDWARDS PUBLISHING
épisode 1 108 pages
épisode 2 105 pages
épisode 3 87 pages
épisode 4 105 pages 

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