Synopsis :
"Londres, 1880. La population est en émoi après que plusieurs
meurtres sont commis dans le quartier de Limehouse. Beaucoup incriminent
le Golem, une créature légendaire et surtout terrifiante. Au même
moment, Lizzie Cree, célèbre chanteuse de music-hall, est soupçonnée
d'avoir empoisonné son mari. L'inspecteur John Kildare est chargé de l'enquête."
Acteurs :
Bill Nighy, Olivia Cooke, Douglas Booth, Maria Valverde...
Alors, doc, verdict ?
J’ai longtemps hésité
à livrer une chronique de ce film, en raison du sentiment ambivalent
qu’il m’a laissée, entre fascination et malaise.
Intriguée par le sujet, je m’attendais à un film
d’épouvante gothique à l’anglaise. Ce n’en est pas un. Le
Golem, monstre d’argile du folklore hébraïque, n’est en fait que le
surnom du tueur qui sévit dans les rues de Londres. Le synopsis joue trop sur cette ambiguïté et risque de décevoir les amateurs de fantastique. Dommage.
Entre Charles Dickens,
Conan Doyle et Penny Dreadful, GOLEM utilise l’atmosphère de
cette fin XIXème pour distiller efficacement un ton sombre, crasseux
et malsain. La trame mêle habilement le passé et l'histoire en
cours, proposant aussi des scènes alternatives (les hypothèses
liées à l’enquête), sans pour autant rendre le fil du récit
trop confus.
Bill Nighy, que j’ai
découvert dans Underworld et apprécié dans Love actually ou Good
morning England, campe avec justesse un inspecteur de seconde zone,
usé et dépassé. Placé en première ligne pour sauvegarder la
réputation de l'enquêteur vedette en cas d’échec, il va plonger dans cette ténébreuse affaire au point d’y perdre ses dernières illusions. La
sobriété, et l’élégance du comédien permettent à l’actrice
principale, Olivia Cooke, d’exprimer son art, en lui laissant le
devant de la scène. Derrière une apparence d’oisillon tombé du
nid, cette actrice dégage une présence phénoménale. Tour à tour
fragile, inquiétante, pathétique, émouvante ou grotesque, son
personnage de Lizzie Cree dévore la pellicule et imprègne le film
de son empreinte singulière. Douglas Booth est excellent en comédien satirique, flamboyant sur scène et bienveillant en privé.
Si le suspens n’est pas
forcément le meilleur atout de ce film, l’ambiance et les qualités
techniques (décors, prises de vue, costumes) rattrapent ces faiblesses. Je regrette tout de même
l’aspect caricatural de la « grande révélation », qui
paraît expédiée et peu cohérente avec le reste.
D’un côté, cette histoire de
serial-killer à la Jack l’Éventreur est très classique, mais le
traitement graphique ainsi que le jeu des acteurs la rendent
singulière au point d’en conserver un souvenir et un malaise
tenaces, bien après l’avoir vue.
Verdict : Pas mal
CONDOR Entertainment
105 minutes
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