mardi 3 juillet 2018

OSEZ 20 HISTOIRES DE PLANS À TROIS de Collectif


4ème de couverture !
"Jamais deux sans trois... Le plan à trois est sans doute un des fantasmes les plus répandus, chez les hommes comme chez les femmes. Et il offre des possibilités illimitées. Découvrez-les au fil de ces 20 nouvelles érotiques qui vous conduiront tour à tour dans un pub en Écosse où un couple de timides français se laissent envoûter par un beau marin local, dans la salle de répétition d'un pianiste classique uni par un lien pervers aux deux musiciennes qui l'accompagnent, dans le délire candauliste d'un homme qui pilote à distance un plan à trois avec sa femme par webcam interposée, dans l'atelier d'un peintre qui se laisse inspirer par ses muses plus que la décence ne l'autorise... Et autre configurations toutes plus imaginatives et excitantes les unes que les autres !"

Alors, doc, verdict ?
Sans surprise, j'ai préféré la sélection de nouvelles de ce Osez les plans à trois à celle du candaulisme, lu précédemment. Plus léger, moins répétitif, offrant une grande diversité de styles et d'intrigues, j'ai trouvé plus de satisfaction dans ce recueil. Détail amusant ; de nombreuses nouvelles auraient trouvé leur place dans l'habituelle sortie estivale des Osez 20 histoires... Que ce soit dû au cadre "ensoleillé" ou aux scénarios choisis, tout a été fait pour offrir un volume pimenté à la cool.
Paradoxalement, et alors que le sujet du trio est très proche du candaulisme, dans le sens où on peut facilement adapter une histoire dans un cas comme dans l'autre, le ton est globalement différent. Dans les nouvelles sur le candaulisme, outre un milieu majoritairement bourgeois, les rapports étaient souvent empreints du besoin d'humilier (la compagne, majoritairement) ou d'un esprit revanchard assez triste. Dans ce Osez, les auteurs ont souvent axé les échanges sur le fun, l'occasion qui fait les larrons, le plaisir en toute décontraction, sans le snobisme d'une pratique très codifiée.

J'ai bien-sûr eu des préférences, et croisé certains textes incompatibles avec ma sensibilité. C'est d'ailleurs toute la difficulté de chroniquer autant d'auteurs, laissant croire que les textes les plus critiqués sont les mauvais élèves de la sélection. J'espère que s'il y en a qui lisent cette chronique, ils comprendront qu'ils ne sont pas en cause, mais qu'il s'agit bien d'une question de goût. Il faut dire que sur les 20 nouvelles proposées, j'en ai réellement apprécié moins d'une dizaine. Bizarrement, j'en retire tout de même une impression positive, renforçant ma conviction qu'il y avait d'excellents textes dans ce recueil.

Ça te gène ? de Prax.
Un couple accueille régulièrement une amie en vacances, jusque là, sans ambiguïté. J'aime bien le style de Prax, qui prend le temps d'installer ses personnages dans une certaine routine agréable, amenant naturellement la scène hot. Du plaisir entre amis, tranquille, décomplexé. Paradoxe, j'ai pris plus de plaisir à lire cette nouvelle qu'à la ressentir sensuellement.

Washing Machine de Rita.
Une épouse découvre la bisexualité de son mari et va l'accompagner dans ses jeux pour ne pas être exclue. Pas du tout adepte des récits à la deuxième personne, je ne suis jamais entrée dans l'histoire. Si elle ne manque pas d'intérêt, je n'ai pas su y trouver l'émotion ou la sensualité suffisantes pour apprécier l'écriture. Le récit appuie beaucoup sur la tolérance de l'épouse, et étrangement, cette justification m'a parue un peu trop forcée.

Contes de fées de Louise Laëdec.
La coiffeuse naïve un peu vénale (digne d'une téléréalité), le petit-ami fuyant et un oncle faussement bienveillant. Fondé sur la manipulation, le trio possède ce côté malsain qui saura plaire à une partie du lectorat. Pour ma part, le cynisme et le glauque de cette relation m'ont totalement refroidie.

Nathalie avec deux hommes sous les pommes de Allibert.
Un puceau fou amoureux, une cagole moqueuse, et des pommiers. J'ai beaucoup aimé le style soutenu, qui ne plombe jamais ce récit. L'auteur a parfaitement maîtrisé son personnage principal, jouant sur son inexpérience et son jeune âge. On s'y croirait. La scène érotique est réussie, même si ce n'est pas le trio qu'on espérait...

Isocèle de Héloïse Lesage.
Un mot sur le titre "clin d'oeil" très bien trouvé. Trois parents célibataires en vacances, qui vont initier l'un d'eux à des plaisirs très épicés. J'ai beaucoup aimé le scénario, la construction des personnages (le perso féminin et ses émotions sont très réalistes) et le style. C'est hyper excitant, définitivement safe-sex (comme quoi, écriture responsable et érotisme sont parfaitement compatibles). L'une de mes nouvelles préférées.

La vie nouvelle de Mme Jaulin de Stéphane Denfert.
Un accident de voiture et un chantage pour humilier de la bourgeoise. Un problème de concordance des temps m'a immédiatement hérissé le poil. Cela a continué avec le style peu abouti. En cause, des phrases trop longues, une vulgarité gratuite et un manque total de réalisme. La scène pornographique est efficace, mais impossible de la dissocier des problèmes de forme et de fond du reste de ce texte.

Trio pour piano et cordes n°2 de Schubert de Vespertille.
Un pianiste queutard, une violoncelliste discrète et une jeune violoniste font leurs gammes jusqu'à l'entente parfaite. Voilà une nouvelle selon mon cœur ! C'est léger, délicieusement coquin, amusant et bien écrit. Le trio est très bien amené, les rapports entre les protagonistes parfaitement maîtrisés.

Salon professionnel de Clarissa Rivière.
Deux amants en voyage d'affaire vont inviter un inconnu croisé dans l'hôtel. J'ai apprécié le personnage de Sybille. Femme entière, généreuse, envahissante mais attendrissante, amoureuse d'un con. Un vrai. Un du genre à réaliser la "chance" qu'il a quand il risque de la perdre. Le tout saupoudré de compétition "virile" poussée jusqu'à l'absurdité. Regret, je n'ai pas retrouvé cette touche élégante et sensuelle que j'aime tant lire chez Clarissa Rivière.

Le compromis de Zakya Gnaoui.
Si je n'ai pas été sensible au style relativement plat, j'ai pris un plaisir masochiste à suivre ce couple mal assorti. Un beauf égoïste et une nana assez caractérielle, rejoint au cap d'Agde (j'ai même cherché cette fameuse baie des cochons) par une brune pleine de surprises. Masochiste parce que l'accent a tout de même été mis sur la jouissance masculine avec le type de trio qui me parle le moins (deux femmes pour un homme).

El Godomisator de Juliette Di Cen.
Oh ce titre ! Ceci étant, il lance le ton d'une nouvelle tout en dérision. On suit les aventures de deux ennemis jurés, de la maternelle à la fac. Les dialogues réalistes font mouche et les situations cocasses s'enchaînent, même si je ne suis pas fan du découpage des paragraphes qui altère le rythme de la lecture. La scène érotique propose un effet miroir avec deux trios en action, schéma inédit jusqu'ici. Hilarant, chaud et efficace.

Éric23, chambre 310 de Emm Frost.
Un homme invente des scénarios pour exciter sa copine, et la préparer à passer à l'acte. Quelque chose m'a déplu dans le style familier (l'intégration inutile de smileys, un manque de fluidité dans les chorégraphies sexuelles rendant certaines positions incohérentes). Par contre, la tension sexuelle est bien menée, et les ébats assez bourrins ne sont pas déplaisants, même si la scène est trop courte. Une histoire qui aurait trouvé sa place dans le Osez le candaulisme.

Comme une ombre sur mon épaule de Jon Blackfox.
Lorsque je lis une nouvelle de Jon Blackfox, je sais que je vais apprécier l'écriture, mais pas forcément l'histoire, ni les sensations qui s'en dégagent. Ce récit d'un commercial devenu l'objet sexuel d'un couple "dévorant" reprend d'ailleurs une partie des idées utilisées pour le Osez le candaulisme (où cette nouvelle aurait trouvé sa place). Les personnages n'ont provoqué aucune sympathie, et j'avoue avoir été plus rebutée que séduite par la scène érotique.

Godspeed de Anaël Verdier.
En Écosse, deux universitaires vont goûter aux plaisirs locaux. Mais quel auteur cruel ! Dans un style agréable, il réussit à installer son intrigue pour la rendre alléchante. Mais limité par le format court, il finit par expédier sa scène érotique. C'est d'autant plus regrettable qu'elle avait le potentiel d'être particulièrement chaude. Cher Anaël, je ne serais pas contre un petit chapitre supplémentaire !

Éric de John Faredes.
Compliqué de donner un avis sur cette nouvelle, tant son scénario convenu ne laisse aucune place à l'imprévu, soit deux amis qui vont chercher un partenaire en club libertin. C'est bien écrit, agréable à lire, mais l'activité émotionnelle reste plate.

Dilemmes de Noann.
Portée par une plume élégante, cette nouvelle a axé son effort sur la psychologie des personnages, peut-être au détriment de l'aspect purement charnel. Une femme adultère ne parvient pas à s'imaginer sans l'un de ses "amoureux". Ce trio mise tout sur la complémentarité, et si scène érotique il y a (collection Osez oblige), il me semble qu'elle n'est pas essentielle à la conduite du récit.

One shot de Anaëlle.
Dans le cadre d'un jeu entre époux, un mari se fait "offrir" une autre femme. L'écriture est bien travaillée, en revanche, je me sens incapable de juger le fond, tant la façon de raconter heurte mes convictions. Un point sur l'érotisme, tout de même, qui m'a semblé totalement mis en sourdine au profit de la mise en scène BDSM.

Montreux-Majorque de Nys Vanessa.
La plume avertie de Nys Vanessa (non, il n'y a pas inversion de nom et prénom, comme à l'école) se met au service d'une histoire d'amitié féminine lors d'un voyage à Majorque. En toute honnêteté, ce texte ne m'a pas touchée. Il est beau, cultivé, mais il suinte le snobisme (effet probablement désiré), avec un name dropping tellement envahissant qu'il en devient fatigant. Et en vérité, je me suis franchement emmerdée.

Valet de trèfle de João Miguel Baile Dos Passarinhos.
Ou l'histoire d'une obsession vénéneuse. Je reste insensible à cette plume, trop alambiquée selon mon goût, mais le scénario digne d'un film noir est intéressant.

Papy-sitting de Cornelia B. Ferrer.
J'avais noté le goût du border-line chez cette autrice, je le retrouve dans cette nouvelle mettant en scène deux adolescents et un vieillard. Dans le cadre d'un recueil érotique destiné à des adultes, et aussi étrange que cela puisse paraître eu égard à mes propres limites, sa place m'a semblé complètement légitime. Terriblement pervers, excitant, ce récit ne peut laisser indifférent.

Coucoune paka palé, sé boudin ki bava de Eugénie Daragon.
L'histoire tragi-comique et franchement pathétique d'une fille qui se berce d'illusions. Le narration et l'atmosphère m'ont furieusement rappelé Conte de fées lu plus haut. Mon avis n'en sera que plus semblable. S'il trouvera ses adeptes, ce texte ne fait pas partie de mes favoris.

Verdict : Une bonne sélection, apte à satisfaire tous les goûts.

Retrouvez les chroniques de quelques recueils Osez 20 histoires, par ici:
candaulisme
aux sports d'hiver
Dans un train 

LA MUSARDINE
255 pages

2 commentaires:

  1. Merci pour le préambule sur la sensibilté de chacun et sur votre lecture fine de chaque texte, j'aime beaucoup ce que vous dites sur le mien, même s'il ne vous a pas plu, vous l'avez bien cerné !
    Louise Laëdec

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    1. Bonsoir Louise, c'est gentil d'avoir pris le temps de laisser ce message. En optant pour un balayage complet des recueils lus, j'espère ne léser personne. Mon regret est d'être tombée sur une majorité de blogs se focalisant sur quelques auteurs, et paraphrasant la 4ème de couverture pour meubler grossièrement. Je suis aussi la première désolée de ne pas adhérer à un histoire (ou plus souvent à un style). Chose amusante, étant en pleine lecture des nouvelles du Sea, Sex and Sun (chronique en pleine préparation) j'ai apprécié la façon dont vous avez tourné la vôtre.
      À découvrir prochainement !
      Beedee

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