4ème de couverture
"An de grâce 1221
Au coeur des Carpates, frère Semyon von Kassel, chevalier de l'ordre, court comme s'il avait le diable aux trousses. Une bête mi-homme mi-loup, a décimé ses compagnons. Grâce à lui, l'Église va en faire une arme à son service pour terroriser les païens. Or l'un de ces loups-garous, une fille nommée Lilly, réussit à s'échapper et trouve refuge auprès d'un paysan qui fera tout pour la protéger des Templiers... mais aussi d'elle-même. Car si le jeune homme ne parvient pas à percer les ténèbres de son âme, il sera sa prochaine victime..."
Au coeur des Carpates, frère Semyon von Kassel, chevalier de l'ordre, court comme s'il avait le diable aux trousses. Une bête mi-homme mi-loup, a décimé ses compagnons. Grâce à lui, l'Église va en faire une arme à son service pour terroriser les païens. Or l'un de ces loups-garous, une fille nommée Lilly, réussit à s'échapper et trouve refuge auprès d'un paysan qui fera tout pour la protéger des Templiers... mais aussi d'elle-même. Car si le jeune homme ne parvient pas à percer les ténèbres de son âme, il sera sa prochaine victime..."
Alors, doc, verdict ?
Avant tout, je tiens à démentir les rumeurs quant au genre dans lequel ce roman s’inscrit.
CE N’EST PAS DE LA BIT-LIT ! (bordel !)
Et encore moins l’ancêtre de Twilight.
(Spoilons un chouïa)
Oui, parmi les thèmes abordés dans ce roman, on trouve une histoire d’amour et un métamorphe.
Sauf que l’aspect sentimental n’est pas le
point central autour duquel s’articule le scénario. Quant à la nature de
la bête, elle ne relève ni d’une création magique ni d’une malédiction.
D’entrée de jeu, nous sommes plongés au
cœur de l’action, sur les traces d’une bête sanguinaire qui vient de
ravager les rangs d’un ordre teutonique. Poursuivi par un chevalier de
l’ordre de l’Hôpital Sainte-Marie-des-Allemands de Jérusalem
(dites-le dix fois de suite pour rigoler), le monstre va s’avérer bien
plus complexe que prévu.
S.A. Swann a situé son roman au XIIIème
siècle. La christianisation des peuples d’Europe du Nord se poursuit,
et les régions nouvellement converties comme la Prusia (Prusse
=territoire étendu sur l’Allemagne, la Pologne et la Lituanie)
en ressentent encore les effets dans leur chair meurtrie et leur vie
spirituelle.
J’ai été frappée par le style « vivant » de la narration qui donne du rythme et un ton réaliste au récit.
Bien que ce roman s’inscrive dans le genre
fantastique, le travail de documentation est palpable sans être
rébarbatif. Cela nous permet de nous immerger dans cette époque âpre et
sans concession, où les serviteurs de Dieu étaient loin de
prêcher le message de paix du Christ. L’Église était toute-puissante,
et ses membres aussi respectés et craints que le jugement du Seigneur
lui-même.
Une bien belle bande de sadiques fanatisés...
Une bien belle bande de sadiques fanatisés...
Cette vision sanglante de l’époque n’est pas sans rappeler une autre œuvre littéraire ; la saga des Enfants du Graal de Peter Berling.
Pour établir un parallèle avec l’actualité
et l’histoire moderne, ce règne de l’obscurantisme nous renvoie aux
nombreux conflits modernes où la religion tient le rôle principal. Rien
n’est plus facile que de retomber dans l'obscurantisme.
À ce titre, je l’ai trouvé très instructif et bien plus épouvantable
que les exactions de la bête.
J’ai beaucoup aimé le côté « chroniques de
la vie paysanne », bien que cela reste survolé, ainsi que les scènes
entre l’Ordre et l’Église qui cristallisent le pouvoir du spirituel sur
le temporel. Le livre confronte aussi la « pureté de croyance » de ces soldats à la corruption et l'avidité des
ecclésiastiques.
L’aspect sentimental
est vraiment secondaire, toutefois, il humanise les échanges sans tomber
dans le sirop ou le pathos. Ça reste sobre, tout
en étant le seul élément lumineux, un vecteur de rédemption.
Mine de rien et sous couvert de fiction, ce
roman permet donc de s’interroger sur la légitimité de la violence
quand on se prétend du « côté du bien ». La double lecture
divertissement/réflexion, fonctionne parfaitement. Le roman semble
plus dense, plus profond, sans pour autant renier son côté « roman de
genre ».
Bien écrit, bien documenté, bien travaillé, c’est une belle découverte qui se lit très vite.
BRAGELONNE
416 pages
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